Présentation de ma proposition de loi visant à mettre fin à l'accaparement de notre eau pour la culture du maïs irrigué :
Alors que nous entrons dans la période estivale, nous prenons progressivement la mesure de la crise de l'eau qui affecte nos territoires, avec des conséquences déjà très concrètes pour nos concitoyens et nos agriculteurs. Après un été 2022 marqué par un stress hydrique historique, entrainant son lot de pénuries, de pertes de récolte et d'incendies désastreux, la faible pluviométrie de cet hiver 2023 n'aura pas permis de recharger nos nappes phréatiques à leur juste niveau et laisse présager la répétition cet été d'épisodes de sécheresse désormais chroniques et d'une gravité croissante.
Cette situation n'est pas exceptionnelle : elle s’inscrit dans une tendance à grande échelle d’aggravation du risque d’une crise mondiale de l’eau douce sur laquelle l’Organisation des nations unies a alerté solennellement lors de la conférence qu’elle a dédié à cette ressource en mars 2023. Il n'y a désormais plus guère de doute sur le fait que le changement climatique, combiné à notre surexploitation de la ressource, entraine une perturbation globale du cycle de l'eau, dont nous commençons à peine entrevoir les conséquences.
À la moitié du mois de mai, le ministre de la transition écologique Christophe Béchu a alerté sur la situation de 28 départements présentant un risque très élevé de sécheresse d'ici à la fin de l'été 2023. Malgré ce constat inquiétant, les mesures politiques annoncées au printemps dans le cadre d'un "Plan eau" pourtant très attendu sont bien loin d'être à la hauteur des enjeux climatiques et hydrologiques. Pour l'agro-industrie, pas de sobriété annoncée ! Depuis leur congrès, le ministre Fesneau a déclaré à ses amis de la FNSEA qu'aucun effort supplémentaire ne leur serait demandé pour diminuer leurs prélèvements. Alors que l'agriculture représente à elle seule 57% de la consommation totale en eau du pays, le gouvernement nous mène dans une impasse en exemptant ce secteur de la nécessaire réflexion sur la mise en place d'une meilleure préservation et d'un partage plus équitable de la ressource. Car si l'agriculture est un secteur qui consomme globalement beaucoup d'eau, cette dernière est aussi très inéquitablement répartie entre les agriculteurs eux mêmes qui sont victime d'une accaparement croissant de la ressource par les acteurs de l'agro business au détriment des petites exploitations, comme l'ont dénoncé les opposants aux projets de méga bassines.
Une filière, en particulier, accapare la majorité des volumes d’eau d’irrigation : celle du maïs, qui représente à elle seule près de 40% du total des surfaces irriguées du pays! En effet, cette plante d'origine tropicale ne peut survivre qu'en bénéficiant d'importantes quantités d'eau en plein été, soit au moment où nous en manquons le plus.
C'est pour interpeller sur ce problème majeur que j'ai déposé au mois de juin 2023 une proposition de loi visant à protéger la ressource en eau en planifiant l'arrêt de l'irrigation de la culture du maïs
Il est urgent d'interroger la pérennité d’un recours massif à l’irrigation pour cultiver du maïs dans des territoires, comme le Sud-Ouest ou encore l'Alsace, qui sont marqués par des pressions croissantes sur la ressource. Pour réussir à atteindre nos objectifs de souveraineté alimentaire en installant massivement des agriculteurs, et pour planifier l’adaptation de notre agriculture au changement climatique, nous devons décider collectivement de mettre un terme à l’accaparement de notre eau pour la production intensive de maïs dont une importante partie est vouée à l’exportation.
Si vous souhaitez découvrir plus en détails mon travail parlementaire à ce sujet, retrouvez ci-dessous mon dossier de presse sur cette proposition de loi ainsi qu'un épisode de "Focus sur...le maïs irrigué" sur ma chaine YouTube
Dossier de presse : Voir le PDF