Le méthaniseur de Gramat Bioquercy. Crédit Photo T.Maurin
Au second semestre 2018 j'avais été alerté par différentes associations Bien vivre en Anjou et Collectif National Vigilance Méthanisation : CNCV-ch sur les effets délétères de la méthanisation industrielle.
J'avais rédigé alors un article au sujet de la méthanisation, un sujet technique où, comme pour de nombreux sujets, des problèmes surviennent lorsque les choses sont faites dans la démesure et non plus à taille humaine. Dans cet article j’expliquai clairement ma position sur le sujet: oui à la méthanisation, mais à taille humaine - stop aux usines à méthane.
J'avais également interpellé le Ministre de la transition écologique de l'époque, Nicolas Hulot, au sujet des digestats (déchets qui sortent des méthaniseurs une fois que les matières mises dans le méthaniseur ont fourni du méthane) dont l’innocuité n'est pas vérifiée et qui sont portant épandus dans des champs comme fertilisant, parfois au risque de contaminer la nappe phréatique avec des bactéries et autres spores. Dans sa réponse plus d'un an après, le ministère (alors dirigé par Madame Élisabeth Borne) reconnait qu'il y a eu des problèmes avec le méthaniseur de Gramat dans le Lot, mais élude la question du potentiel pathogène des digestats, voulant au contraire, rendre leurs épandages facilités afin de permettre un développement de grande ampleur de la filière.
Début décembre 2020, CNCV-ch a organisé journée d'étude dans le Lot avec une "visite" du méthaniseur de Gramat" et une table-ronde à la Mairie d'Espeyroux sur méfaits sanitaires et environnementaux des méthaniseurs industriels avec de nombreux élu.e.s: Manuel Bompard (député européen), Myriam Martin (conseillère régionale), Josiane Pardayrole (maire d’Espeyroux) et des membres de syndicats et d’association : Christian Rossi et Pierre Dufour (Confédération Paysanne), Christian Landes (collectif du Ségala ), Corinne Vidal (Espeyroux environnement), François Gillet (CNVM-ch) et Liliane Réveillac (Livernon Autrement) à laquelle j'ai participé avec beaucoup d’intérêt.
explication des problèmes environnementaux et agronomiques de l'épandage des digestats du méthaniseur de Gramat dans le Lot par Christian Rossi (confédération paysanne) et François Gillet (CNVM-ch)
Digestats polluants nos sols et nos eaux, constructions sans études d’impact environnemental, déni de démocratie par l’absence de prise en compte des oppositions, tensions au sein de la population, transformation du métier d’agriculteur en producteur d’énergie et non plus de nourriture, tous ces sujets ont été abordés à partir d’exemples locaux.
Exemple problèmes liés aux méthaniseurs industriels: pour le méthaniseur de Gramat, des carcasses sont collectées dans 7 départements pour approvisionner le méthaniseur en matière première, battant en brèche l'argument de méthaniseur comme solution locale au traitement aux déchets d'abatage locaux.
Les analyses effectués sur les digestats de Gramat par les associations ont démontré qu'il était contaminé par des spores de Clostridium qui est un vecteur d'infection pour l'être humain.
La proportion des différents éléments minéraux du digestat liquide n'est pas adaptée pour en faire un bon engrais contrairement à ce qui peut être annoncé, car il est bien trop riche en azote et pauvre en carbone.
La géologie du Lot (sol karstique du causse ou très pentu du Ségala) n'est pas du tout adapté au plan d'épandage mis en place, alors que des directives existent dans d'autres départements pour ces cas de figure. Le digestat liquide a des éléments qui vont passer directement dans la nappe phréatique. La méthanisation à la lotoise, avec digestat liquide pose un vrai problème de pollution des nappes phréatiques et elle ne doit pas être mise en oeuvre, même sur de petites structures.
Table-ronde à Espeyroux, commune où un projet de méthaniseur industriel à digestat liquide fait face à la mobilisation de Madame Le Maire et des associations environnementales locales
A la suite de cette journée d'étude, les élus présents se sont engagés à agir, chacun à leur niveau, afin de faire cesser l’opacité des installations des méthaniseurs de revenir à une méthanisation à petite échelle et adapté au territoire, la seule qui soit soutenable.
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