A l’appel des élus du Sud-Gironde et des associations locales j’ai participé le samedi 1er octobre à une manifestation contre les projets de LGV dans le Grand sud-ouest. Organisée à Langon au cœur des territoires menacés par ces projets inutiles cette manifestation a réuni plus de 500 personnes dont une cinquantaine d’élus. C’est l’occasion pour moi de revenir sur les raisons de notre mobilisation contre ces projets et de démonter les arguments avancés par ceux qui les défendent, SNCF et région Nouvelle-Aquitaine en têtes.
Ces projets de LGV, connus sous l’acronyme GPSO (Grand Projet du Sud-Ouest), prévoient la création de deux nouvelles lignes ferroviaires à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse, et entre Bordeaux et Dax ainsi que la construction des infrastructures attenantes à ces lignes (gares, desssertes TER …). Les principaux arguments avancés pour justifier ce projet pharaonique sont d’offrir une alternative au transport aérien pour les trajets Paris-Toulouse et de rapprocher entre elles les villes du Grand Sud-Ouest. Portés à bout de bras par les président·e·s des régions Nouvelle-Aquitaine et Midi-Pyrénées et soutenus par le gouvernement Macron ce projet d’un autre temps cumule cependant les défauts et les incohérences tandis qu’il existe des solutions alternatives crédibles, pour atteindre les objectifs annoncés, basées notamment sur une modernisation des lignes actuelles (Etudes du cabinet Robert Claraco, SNCF/CETEC et CITEC).
Gabegie financière
Le cout prévisionnel du projet GPSO a été estimé à 14,3 milliards d’euros tandis qu’une modernisation des lignes existantes se chiffrerait entre 4,6 et 7,3 milliards d’€ pour des résultats équivalents en ce qui concerne les temps de trajets.
De plus en juillet l’Union Européenne dont les subventions doivent représenter 20% du budget total, a refusé de financer le projet en expliquant « Il nous a semblé que des alternatives, fondées sur les lignes existantes, permettraient de diminuer fortement l'empreinte environnementale du projet et seraient plus utiles à la mobilité quotidienne des habitants." Cet avis ne concerne pour l’instant qu’une partie du financement total mais il remet tout de même grandement en cause la viabilité financière du projet.
Incohérences techniques
L’étude approfondie du projet GPSO permet de mettre en lumière de nombreuses incohérences techniques et elle montre que les principaux arguments relayés par les défenseurs du projet se révèlent discutables voire mensongers.
En voici un florilège :
+ « Le projet permettrait de gagner 56 mn entre Bordeaux et Toulouse sans arrêt (1h05 contre 2h01 actuellement), 49 mn avec arrêt (1h20 contre 2h09 actuellement) et 20 mn entre Bordeaux et Dax ». Or cet objectif, tout à fait louable, de réduire le temps de trajet entre les villes du grand sud-ouest est atteignable pour un prix deux à trois fois moins important en modernisant les lignes existantes. Le gain de temps procuré par la LGV ne serait alors plus que de 22 mn entre Bordeaux et Toulouse et de 6 mn entre Bordeaux et Dax.
+ « Le projet permettrait de dégager des capacités nouvelles pour le Fret qui est saturé sur ces lignes ». Faux, les capacités de fret sur les lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux Hendaye sont loin d’être pleinement utilisées. La capacité de la ligne Bordeaux-Toulouse de 24 sillons par jour contre 10 circulations en moyenne actuellement et la capacité de la ligne Bordeaux-Hendaye de 48 sillons par jour contre 14 circulations en moyenne actuellement (source Bordeaux Métropole)
+ « Le projet permettrait de régler le problème du bouchon bordelais (goulet d'étranglement pour le trafic ferroviaire à l’entrée de la gare de Bordeaux limitant la circulation des trains). Une solution beaucoup moins chère existe. Il s’agit d’organiser les dépassements de train en aménagement, par exemple, la gare de Beautiran. La création d’une section de 700 m dans cette gare permettrait d’organiser le dépassement des TER omnibus par les TER rapides, les intercités et les TGV.
+ « Le projet a une dimension internationale et permettrait de connecter les réseaux grandes vitesses Français et espagnols ». Encore une fois cette ambition est tout à fait réalisable dans un délai bien moins important avec la modernisation des lignes existantes (2027 contre 2032 pour le GPSO).
Désastre écologique
Les atteintes à l’environnement de la construction des lignes LGV seraient considérables et irrémédiables avec en premier lieu l’artificialisation de milliers d’hectares de terres agricoles, de forêts ou milieux naturels à laquelle on peut ajouter la pollution des sols et des eaux, une perturbation de l’hydrographie, le cloisonnement des milieux, et à terme, des nuisances acoustiques majeures.
L’exemple emblématique de ce désastre annoncé est la vallée du Ciron, un biotope exceptionnel situé sur le trajet de la LGV et qui abrite une biodiversité faunistique et floristique remarquable dont une hétraie millénaire unique en Europe.
Un projet inadapté
Ce projet ne répond en rien aux enjeux de la transition énergétique et aux besoins des habitants du grand sud-ouest. En effet, la priorité serait d’offrir des solutions de déplacement décarbonées à l’ensemble de la population en particulier dans les zones rurales mal desservies par les transports en commun. Pour cela l’urgence est d’investir massivement dans les trains du quotidien et cela passe par le développement du réseau local, la rénovation des petites lignes et plus de moyens matériels et humains pour une augmentation significative de la fréquence des TER.
Concernant la liaison Paris-Toulouse il parait évident que la modernisation de ligne existante Paris-Orléans-Limoges-Toulouse doit être privilégiée.
Pour toutes ces raisons je resterai mobilisé aux coté des habitants et de tous le élus du Sud-Gironde jusqu’à l’abandon définitif de ces projets de LGV.
Retrouvez ma vidéo sur le sujet [https://youtu.be/pRmh33dlR5k]