Il y a un peu plus d'un mois, en juin 2020, j'interpellais le ministre de l'agriculture (Didier Guillaume à l'époque) sur les conditions plus que douteuses de l'appel à candidature de l'Anses et du choix final pour la ré-évaluation du Glyphosate!
En effet, l'Anses, à la suite d'une demande du gouvernement avait mandaté un groupe collectif d'expertise d'urgence pour rédiger un cahier des charge pour réaliser des études permettant de trancher la controverse au sujet de la cancérogénéité du glyphosate. Or ce groupe a rédigé l'appel d'offre de tel sorte que seul un seul consortium de laboratoire pouvait y répondre. Consortium dans lequel se trouvaient ... 3 des 5 membres du groupe !
Ma collègue Delphine Batho avait par ailleurs relevé que le président de ce groupe avait rédigé en 2016 un avis pour l'Anses sur le glyphosate qui concluait "le niveau de preuve de cancérogénicité chez l'animal et chez l'homme peut être considéré comme relativement limité et ne permet pas de proposer un classement 1B" (cancérogène supposé), mettant en cause sa neutralité pour la rédaction de cet appel d'offre et contrevenant ainsi au code de déontologie de l'Anses.
La réponse de l'ex-ministre de l'agriculture: criculez, il n'y a rien à voir. Alors très sûr de lui il n'hésita pas à me sous-entendre complotiste (!).
Cela n'aura pas réussi à masquer les évidences bien longtemps.
Ce matin en audition le directeur de l'ANSES M.Roger Genet annonce en direct que le consortium mis en cause se retirait de ce processus de ré-évaluation et que l'ANSES ne financerait que les travaux du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC).
Cette victoire montre que le travail de la représentation nationale dans sa mission de contrôle des actions du gouvernement et des institutions est primordial pour faire éclater ce genre de scandale.
En attendant, on retiendra cette marche arrière in-extremis du directeur de l'Anses avant d'avoir sans doute à répondre de prise illégale d'intérêt (art.432-12 du code pénal), de favoritisme (art.432-14 du CP) et recel de favoritisme (article 321-1 du CP). Pour 1,2 millions d'Euros...