Lors de mon précédent mandat, je m’étais déjà largement engagé dans la bataille contre le glyphosate, pour le faire interdire. (Voir ici)
En cette rentrée 2023, le sujet est d’actualité puisque le pesticide est en passe d’obtenir un sésame de ré autorisation pour plusieurs années. La bataille reprend de plus belle, en plusieurs épisodes, et plusieurs scandales :
Dans le cadre d’une commission d’enquête à l’Assemblée nationale, j’ai interrogé, le 20 septembre 2023, l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), qui est chargé d’évaluer les pesticides avant leur mise sur le marché.
Il en est ressorti des éléments très inquiétants concernant les procédures selon lesquelles ces évaluations sont faites. Petit décryptage :
-Un pesticide, qu’est-ce que c’est ? Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’un pesticide est composé non seulement d’une « molécule active », qui est l’agent actif principal, mais également de toutes sortes de co-formulants qui viennent s’ajouter pour créer le pesticide, que l’on appelle ainsi « formulation commerciale ».
-Que nous dit le droit concernant l’évaluation de ces pesticides avant leur autorisation ? Le règlement européen impose la réalisation d’études de toxicité et de cancérogénicité à long terme de l’ensemble de la formulation des produits autorisés.
Extrait de l’arrêt de la Cour de Justice de l’Union Européenne du 1er septembre 2019 :
Un certain nombre d’associations, dont le collectif secrets toxiques, alertent depuis des années sur le fait que ces évaluations sur la formulation complète, ne sont pas réalisées.
J’ai donc interrogé Mr De Seze, responsable de l’évaluation des risques à l’EFSA, pour savoir si ces évaluations étaient bien faites. Sa réponse est claire et sans appel : elles ne sont pas faites. L’EFSA évalue les composés des pesticides pris un à un, puis se contente de faire des modélisations pour évaluer la formulation dans son ensemble.
Pour imager le problème, il est possible de faire un parallèle avec le célèbre mélange Mentos/Coca Cola. Pris séparément, ils sont inoffensifs, mis ensemble ils moussent à n’en plus finir. L’EFSA assume d’évaluer d’un côté le mentos, de l’autre le Coca, et de l’innocuité des deux, en déduit l’innocuité de l’ensemble.
Il est évident que cela ne suffit pas et que cela ne répond pas aux exigences du droit européen.
Les procédures d’évaluation de l’EFSA ne sont malheureusement pas le seul problème du Glyphosate. Ce pesticide bien connu maintenant, produit par Bayer-Monsanto, est reconnu cancérogène, mais aussi génotoxique, neurotoxique, reprotoxique et perturbateur endocrinien, par de nombreuses études académiques (Inserm, Inrae, Ifremer, Centre International de Recherche sur le Cancer). Ses impacts sur l’environnement et la biodiversité n’en sont pas moins terribles.
Cependant, ces études sont écartées, au profit de celles produites par… Bayer-Monsento lui-même. Demandez au poissonnier si son poisson est frais.
J’ai interpellé le ministre de l’agriculture Monsieur Fesneau, sur ce sujet, car les états-membres de l’Union Européenne doivent voter pour approuver la ré-autorisation du Glyphosate. La France a donc le pouvoir de se positionner contre :
Sa réponse évidemment a été à l’image de ce gouvernement depuis des années : l’argent avant les gens. Tant qu’il n’y a pas d’alternatives pour les productions agricoles, pas d’interdiction. Mais ce que le ministre oublie, c’est que les agriculteurs sont les premières victimes du glyphosate, et que des dizaines de milliers d’agriculteurs bio s’en passent très bien depuis des années.
Le combat sera encore long sur ce dossier mais, aux côtés des associations, ma détermination sera totale.
Pour aller plus loin sur le sujet :