Euratlantique à Bègles : les Insoumis prennent position !
Par Loïc Prud'homme 23 mars 2023
La concertation réglementaire sur l’aménagement dans le cadre d’Euratlantique du territoire de Bègles-Garonne est d’ouverte depuis le mois d’octobre 2022. Pour ne pas reproduire les aménagements désastreux et anachroniques déjà réalisés sur les communes de Bordeaux et Floirac (artificialisation à outrance, ville inadaptée au changement climatique, manque d’espaces publics, absence de végétalisation, non-respect des engagements de constructions initiaux…) j’ai défini avec le groupe d’action des Insoumis de Bègles une liste de points d’attention que nous avons transmis en main propre à la directrice d’Euratlantlique. Le respect de ces points nous semble indispensable pour un aménagement réussi, répondant aux impératifs démocratiques, sociaux et écologiques actuels.
Démocratie
- Prise en compte de l’avis de tous les acteurs du territoire (habitants, riverains, associations, collectifs, comités de quartiers, entreprises) dans une démarche de co-construction.
- Réelle transparence sur les contraintes financières et urbanistiques (zones non constructibles, zones inondables …), sur les zones acquises et en cours d’acquisition par Euratlantique ainsi que sur l’état d’avancement du projet.
- Concertation accessible et ouverte à tous. Nécessité de rencontrer les organisations de citoyen du territoire (comité de quartier, associations, collectifs) et d’aller plus systématiquement au contact de la population (marché, événement, porte à porte …).
- Offrir de réelles alternatives aux citoyens en acceptant notamment de discuter le nombre de logement et de bureaux à construire.
- Intégration de projets citoyens portés par les associations, collectifs ou comités de quartier.
Urbanisme
- Prévoir une offre de services et d’espaces publics fonctionnels et conviviaux (commerces, crèche, écoles, arrêt des réseaux de transports collectifs, maison médicale, places publiques, locaux associatifs et à vocation culturelle…) répondant aux besoins des habitants.
- Nécessité d’adapter le projet d’aménagement au changement climatique à rebours de ce qui a été réalisé à Bordeaux et Floirac. Pour cela des solutions liées au développement de la nature en ville (plantation d’arbres, végétalisation des toitures et des façades, mis en valeur de cours d’eau existants) ou d’adaptations des infrastructures urbaines (revêtements urbains, structures d’ombrages, fontainerie, forme urbaine favorisant la porosité aux vents …) doivent être proposées pour limiter les îlots de chaleur.
- Respect des recommandations de l’OMS en termes de surface végétalisée à savoir 10 m²/habitant. Le nombre d’habitant incluant les futurs et les habitants actuels de la zone. Pour éviter la végétalisation « gadget » (en pot, abribus végétalisé) les surfaces végétalisées devront être en pleine terre et répondre aux besoins des habitants (loisirs, maraichage …). Les objectifs de végétalisation doivent aller de pair avec des engagements chiffrés de désimperméabilisation et de renaturation des sols urbains (grands parkings en bord de Garonne …).
- Respect du principe de zéro artificialisation brute sur chaque secteur (Bordet-Marcel Sembat et IBA) du territoire de Bègles Garonne. Ce principe devra être associé à une ambition de désimperméabilisation et de renaturation de la part de l’EPA afin d’hériter, après l’aménagement, d’un territoire moins artificialisé.
- Prévoir une part conséquente de logements sociaux dans le programme de construction avec une part importante de PLAI et PLUS afin de garantir à tous le droit à la ville.
- Favoriser l’implantation d’entreprises et de commerces locaux ayant une démarche environnementale reconnue ou relevant de l’économie sociale et solidaire.
- Hauteur du bâti raisonnable en cohérence avec les quartiers limitrophes et avec la volonté des habitants.
- Non-dépassement des objectifs de construction.
Construction
- Respect du label bâtiment frugal bordelais pour toutes les constructions du projet d’aménagement.
- Prioriser la rénovation du bâti existant plutôt que la « destruction/construction » pour minimiser l’impact carbone du projet, la production de déchets et les nuisances pour les riverains.
- Si la rénovation n’est pas possible nécessité de valoriser des matériaux issus de la destruction.
- Réalisation d’un bilan carbone prévisionnel du projet.
Mobilité
- Proposer une répartition de l’empreinte spatiale des différents modes de transports en cohérence avec les objectifs de réduction de la part de la voiture en ville. (cf. instauration des ZFE-m)
- Favoriser les mobilités douces en aménageant des pistes cyclables en concertation avec les associations concernées de la commune (cycles et manivelles, CAB cyclisme), en prévoyant de larges trottoirs accessibles notamment aux personnes âgées et aux poussettes, en proposant des espaces dédiés aux véhicules en libre-service (vélo, trottinette) et en installant des parcs de stationnement adaptés.
- Proposer une offre de transports en commun diversifiée (bus, bus express, batcub …) couvrant l’ensemble du territoire avec une large amplitude horaire, bien connectée au réseau existant et aux personnes à mobilité réduite.
Energie/eau
- Contraindre les promoteurs à intégrer des panneaux photovoltaïques sur les toits ou façades de tous les bâtiments neufs ou rénovés du territoire.
- Connecter les nouveaux bâtiments collectifs (logements, écoles installations sportives …) au réseau de chaleur de l’usine Astria.
- Imposer aux promoteurs une limitation stricte de l’imperméabilisation de la voirie et l’installation d’un système de récupération d’eau pour tous les bâtiments.
Ces points d’attention évolueront et seront précisés dans les prochains mois lorsqu’un projet plus aboutis renseignés des différentes contraintes de la présentation du projet par Euratlantique.
Plus largement, le modèle de développement urbain dont est issu le projet Euratlantique, misant sur une densification toujours plus forte des grandes métropoles, doit être profondément remis en cause. Une réorientation des politiques publiques d’aménagement du territoire doit être engagée pour favoriser l‘essor des villes moyennes périphériques. Cela nécessite d’avoir le courage de réinterroger les choix de la métropolisation actuelle et de concurrence des territoires.
Nous sommes conscients que cette réorientation doit être menée à l’échelle départementale ou régionale voire nationale et que l’enjeu dépasse largement le projet d’aménagement du territoire de Bègles Garonne. Il nous parait cependant nécessaire de garder à l’esprit que ce type de projet ne constitue pas l’horizon indépassable de l’aménagement du territoire notamment lorsqu’il est question des de définir des objectifs en termes de logements et de bureaux.
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