Près de chez vous

Des enseignants en plus pour une meilleure école!

Par Loïc Prud'homme 08 octobre 2020

Plus d’élèves, moins de profs et une gestion catastrophique de la crise sanitaire: la discontinuité pédagogique continue

Cette rentrée 2020, que beaucoup appréhendaient, au vu du contexte sanitaire et des cafouillages de ces derniers mois concernant les directives données par le Ministère de l’Education Nationale, a pointé les négligences de ce gouvernement pour l’éducation de nos enfants. J’ai été contactés par plusieurs syndicats de professeurs nous alertant de la situation de l’enseignement secondaire et primaire dans l’Académie de Bordeaux. Ce constat peut être généralisé à l’ensemble du territoire. J’ai donc décidé d’interpeller Jean-Michel Blanquer par l’intermédiaire d’une question écrite sur la faiblesse de ses propositions dans son projet de loi finances 2021, et de lui rappeler au passage la réalité et la gravité de la situation des élèves et des professeurs en cette rentrée.

Un manque criant de personnel enseignant

Dans une grande majorité des académies de France, malgré une démographie croissante, le nombre de nouveaux recrutements est en nombre insuffisant au vu du besoin. Par exemple, dans l'Académie de Bordeaux, pour un besoin de 500 nouveaux postes, seuls 70 ont été ouverts. La stratégie actuelle d'ajout d'heures supplémentaires aux professeurs en poste plutôt que le recrutement de nouveaux n'est pas tenable, le projet de loi finances 2021 prend pourtant cette direction. Ce même projet de loi indique que “l’Etat investit plus que jamais dans le sport” mais la base du sport, l'Éducation Physique et Sportive est la grande oubliée des mesures, la situation est très critique: il manque de nombreux postes dans cette discipline clé pour le bon développement de notre jeunesse malgré un nombre de candidats au CAPES toujours plus élevé. A ce manque de professeurs, clé de voûte de l'Education Nationale, s'ajoute les difficultés liées à la réforme du bac mise en place au lycée. En raison de la suppression des filières et de leur remplacement par des groupes d'options, l’organisation des nouveaux emplois du temps aggrave la pénurie car elle est faite sans renforcement ni des effectifs de professeurs, ni des moyens pédagogiques. Les conditions de travail du personnel enseignant et des élèves en sont fortement impactées. Ce même projet de loi de finances 2021 oublie très largement l'enseignement secondaire et les fonds accordés au primaire sont loin d’être suffisants. Enfin, le potentiel de remplacement est par ailleurs épuisé dans de nombreuses académies dans le primaire comme dans le secondaire. Des classes se retrouvent parfois plusieurs semaines sans professeurs, dont l'absence croît pourtant avec la pandémie de COVID 19.

La gestion catastrophique de la crise de COVID-19 dans les établissements scolaires

En ce qui concerne plus spécifiquement les mesures prises à la suite de la situation inédite à laquelle nous faisons fasse en raison de l’épidémie de Covid 19, de graves dysfonctionnements pénalisent les enseignants et les élèves. Outre le manque d'applicabilité au terrain dans les directives communiquées aux enseignants il y a un manque criant de moyens octroyés pour cette situation exceptionnelle. D’un point de vue de l’hygiène, le gel hydroalcoolique ne faisant pas parti du protocole mis en place par le ministère de l’éducation Nationale, il n’est pas présent dans les établissements, où le lavage des mains est préconisé sans toutefois s’assurer que le savon et les sanitaires sont disponibles en quantité suffisante. Dans l'enseignement secondaire le volume d'horaires supplémentaires qui a été accordé est ridicule rapporté au nombre d'élèves : cela revient à accorder une petite dizaine de minutes à chacun d'entre eux pour compenser des mois de discontinuité pédagogique. Le double système d'enseignement distanciel / présentiel mis en place à ce jour représente une double charge de travail pour les professeurs qui demandent le recrutement d'enseignants supplémentaires pour gérer les cours en distanciel. Dans l'enseignement primaire, le test de positionnement semble totalement déconnecté du niveau des élèves et des réalités qu'ils ont vécues et de ce qu'ils ont pu apprendre durant le confinement. De plus, aucun temps supplémentaire n'a été accordé aux enseignants pour leur permettre de faire face à cette situation inédite qui a remis en cause toute leur manière d'enseigner.

Devant l'ampleur de la dégradation de l'enseignement primaire et secondaire en France ces derniers mois nous lui demandons d'augmenter en conséquence les moyens humains et financiers pour que les professeurs soient en mesure de faire leur travail dans des conditions décentes et que les élèves puissent recevoir un enseignement digne de ce nom.

Retrouver ma question écrite sur le site de l'Assemblée nationale.

Loïc Prud'homme est député France Insoumise de la Gironde pour les communes de Bègles, Bordeaux Sud, Talence et Villenave-d'Ornon. Résolument engagé en faveur de la règle verte et de la transition écologique de notre société il siège à l'Assemblée nationale au sein de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire. Retrouvez sur ce site internet son travail dans l'hémicycle et en circonscription en faveur des services publics, de l'emploi local, de la justice sociale et de la transition écologique.

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